Chapitre 18


Cristina pensa à Kiyoshi. Lui pouvait lui fournir des informations, et le connaissant, il se ferait un plaisir de l’aider dans sa recherche. Elle voulait savoir s’il pouvait exister des liens entre les activités d’assainissement qui avaient lieu près de la centrale accidentée de Fukushima et Gazkron Fluids, voire s’il ne se serait pas passé des événements bizarres non loin du site.
Cristina et Kiyoshi étaient restés amis depuis qu’ils s’étaient rencontrés au cours d’une grande réunion scientifique sur les neutrinos qui s’était déroulée au Japon deux ans plus tôt. Kiyoshi avait son âge, et lui aussi avait réussi à intégrer une équipe de recherche après sa thèse.
Kiyoshi Kitano travaillait toujours dans les neutrinos, sur une expérience qui s’appelait T2K. Elle consistait à envoyer un faisceau de neutrinos produits au centre nucléaire de Tokaï, où il travaillait, vers le grand détecteur de neutrinos de SuperKamiokande qui se trouvait à plusieurs centaines de kilomètres de là, pour étudier comment les neutrinos oscillent d’une saveur à l’autre au cours de leur trajet. C’était le même type d’expérience auquel Cristina avait participé au cours de son post-doc franco-italien avant de rejoindre XENO1000. Ils s’étaient liés d’une belle amitié lors d’une soirée mémorable où ils avaient rejoué des scènes mythiques du film Lost in Translation où Cristina s’était prise pour Scarlett Johansson le temps d’une nuit. Ils se souviendraient longtemps de ce karaoke endiablé qui s’était fini très tard, ou plutôt très tôt.
Cristina lui envoya un long email lui expliquant les grandes lignes de ce qui s’était passé et quels soupçons elle avait désormais. On pouvait penser que les hommes de main qui avaient assassiné Matthew avaient aussi été envoyés à Fukushima pour exécuter une sale besogne, qui aurait pu bénéficier directement ou moins directement par exemple à Gazkron Fluids, ou qui sait à Grüber&Thorp… Ça ne pourrait évidemment pas être un hasard si on arrivait à mettre en évidence un tel lien.
Kiyoshi Kitano répondit quelques minutes seulement après avoir lu le message de Cristina, le lendemain. Avec le décalage horaire, il fallait s’y prendre le matin en Italie pour espérer avoir une réponse dans la même journée, quoique certains jeunes chercheurs japonais travaillaient jusque très tard le soir.

From : Kiyochi Kitano <k.kitano@kek.jp>
To : cristina.voldoni@infn.it
Date : 02.04.2015
Subject : Re: I Need your help

Hello, Cristina

Tu m’as fait peur quand j’ai vu le titre de ton email… J’ai entendu parler de ce qui est arrivé. C’est terrible… Je suis vraiment désolé pour vous.
Ce que tu me dis est assez incroyable. J’arrive pas à croire que vous avez trouvé du Cs-134 (ça veut dire que si vous regardez la radioactivité béta, vous devriez voir aussi des traces de strontium...).

Tu le sais certainement, il y a de nombreux chantiers qui sont en cours sur le site de Daiichi. L’exploitant de la centrale, Tepco, fait appel à de nombreuses entreprises et autres institutions pour gérer dans le même temps la contamination du site (surtout pour ne pas rejeter d’eau contaminée dans l’océan) et aussi la récupération des cœurs fondus des trois réacteurs accidentés.
Bref, il y a de nombreuses pistes possibles, et ça me fait plaisir de chercher ton aiguille dans cette grosse botte de foin radioactive ! ;-)
Je pars tout de suite à la recherche de ce que tu m’as dit. Je te tiendrai au courant très vite, on se fera un petit skype !

A bientôt
Kiyochi <3

Il s’était passé à peine 8 jours quand Cristina reçut une invitation à se connecter à Skype de la part de son cher Kiyochi.

— Comment tu vas Cristina ?
— Ça va bien ! Côté boulot, c’est moyen, mais bon, on fait ce qu’on peut… Bon, alors, et tes neutrinos, ils vont toujours aussi vite ?
— Toujours ! répondit Kiyochi avec un large sourire. Mais tu t’es laissé pousser les cheveux ?
— Ah oui… J’aime bien comme ça… Alors, tu as pu trouver des informations intéressantes ?
— Je crois bien… Tu vas voir ! Est-ce que tu as déjà entendu parler du projet Ice Wall ?
— Ice Wall ? Non, c’est quoi ?
— Un truc assez dingue. Tu sais que l’un des plus gros problèmes qu’a Tepco à Fukushima Daiichi, c’est la fuite d’eau radioactive vers le Pacifique... Chaque jour, il y a 500 tonnes d’eau souterraine venant des collines voisines, de l’eau de pluie, qui s’écoule à travers la centrale, et alors elle devient contaminée, surtout en césium 137, mais aussi en strontium 90 et en tritium. Et cette eau, si on ne la pompe pas en aval de la centrale, elle s’écoule directement dans l’océan…  Alors pour éviter ça, ce que fait aujourd’hui Tepco, c’est qu’ils pompent l’eau entre la centrale et l’océan et ils la stockent dans d’immenses cuves qu’ils ont dû installer à la va-vite à proximité. Il y en en a déjà plus de 1000 qui contiennent chacune 1000 mètres cubes …
— Dingue… ça veut dire qu’ils remplissent une cuve tous les deux jours ?...
— Tu comprends facilement que ça va vite devenir ingérable. Donc les gars ont imaginé une solution pour éviter que l’eau souterraine n’atteigne la centrale, tu vois, pour la dévier avant qu’elle se contamine.
— Le Ice Wall ? Un mur de glace ? C’est ça ?
— Oui, le concept n’est en fait pas nouveau, il s’agit de geler le sol sur une certaine profondeur tout autour des quatre réacteurs de la centrale. Une fois le sol durci, l’eau ne peut plus s’écouler à travers, elle est canalisée puis peut ensuite être complètement détournée sans produire ces milliers de tonnes d’eau contaminée difficilement gérable. 
— OK… mais comment ils font ça ?
— C’est là que ça devient intéressant. Avant d’en arriver là, il faut que je te précise que c’est un truc énorme. Le concept  a peut-être déjà été utilisé ailleurs, mais jamais à une telle échelle ! Ce mur de sol gelé fait 30 mètres de profondeur pour une longueur totale de 1500 mètres ! Tu imagines ça ?
— Non, j’imagine même pas… Alors, comment on fait pour geler un volume aussi énorme de sous-sol ? demanda Cristina en ajustant son casque.
— T’as pas une idée ?
— Avec de l’azote liquide ?
— Oh non ! Et pourquoi pas avec de l’hélium liquide tant que tu y es ! Non, il en faudrait des quantités gigantesques, t’imagines ? Et puis on n’a pas besoin de descendre aussi bas en température… Non… Le système, c’est une sorte de congélateur géant, tout simplement. On enfile dans le sol des tubes dans lesquels on fait circuler un liquide réfrigérant à une température d’environ -30°C. Ça prend environ 2 à 3 mois pour créer un bon bloc solide autour de chaque tube. Les zones gelées voisines se retrouvent en contact et forment un seul volume continu tout autour de la centrale…
— Génial ! Et c’est déjà mis en place, ce truc ?
— Non, ça a été testé à petite échelle mais c’est en cours d’installation et la mise en froid devrait être faite à la fin de l’année. Mais bon, on en vient à notre affaire…
— Alors, oui, quel est le rapport avec ce que je t’ai demandé, dis-moi tout !
— Tu as compris que l’enjeu de ce Ice Wall était énorme pour Tepco, il y a des milliards de yens en jeu (des millions de dollars ou d’euros si tu préfères). Ils ont fait appel à des sociétés extérieures pour construire ce projet.  Bon, voilà… il s’est passé quelque chose de très anormal. Le marché avait été remporté en 2014 par une boîte américaine plus ou moins en lien avec l’agence gouvernementale à l’énergie américaine, le DOE, qui participe étroitement avec les autorités japonaises sur le problème Fukushima Daiichi. La boîte en question s’appelle Cryolab Corp.  Apparemment  tout était bien parti, jusqu’au jour où tout s’est arrêté. Le contrat qui liait Tepco et Cryolab a été rompu et c’est une autre société, japonaise, qui a récupéré le bébé.
— Qu’est ce qui s’est passé ? Et quel est le rapport avec mes fournisseurs de xénon ?
—  Attends ! Ce qu’il faut savoir c’est que Cryolab et Kenji Corp, le nouveau titulaire de ce marché, n’utilisent pas tout à fait la même technologie. La différence vient du type de liquide réfrigérant qui est utilisé pour produire le gel du sol.  Le réfrigérant que devait utiliser Cryolab était un mélange de fréons, produit aux Etats-Unis. Le réfrigérant qui sera utilisé par Kenji Corp, c’est un produit qui est nommé R404A, un mélange de trois fluoroéthanes, je te passe les détails des molécules. Tu sais qui est l’inventeur de ce liquide réfrigérant ?
— Vas-y, je crois avoir compris…
— Gazkron Fluids.
— OK... Bon, mais qu’est-ce qui s’est passé exactement ? demanda Cristina qui ne cachait plus son impatience.
— Alors, voilà. J’ai trouvé cette info un peu par hasard. Lors de l’appel d’offres initial, quatre sociétés avaient répondu, dont déjà Kenji. Il y avait donc Cryolab et deux autres boites, toutes japonaises. Cryolab a gagné le marché parce qu’ils étaient les moins chers, les performances des solutions proposées étaient à peu près équivalentes entre Cryolab et Kenji, les deux autres étaient clairement moins bonnes. Environ deux mois après le lancement du projet, en juin 2014, un compresseur du complexe de réfrigération qui venait à peine d’être mis en place a explosé !
— Explosé ?
— Oui… un accident… et il y a eu une victime… Un employé de Cryolab qui se trouvait à proximité de cet équipement. Et cette explosion a fortement remis en cause le principe utilisé par Cryolab, notamment l’emploi de fréons. Parce que ce gaz s’est révélé très réactif quand il était en contact de hautes températures…
— Continue !
— La remise en question de la solution de Cryolab a plombé le projet pour plusieurs mois, et finalement, Tepco a fini par revoir complètement sa copie en octobre 2014 et a réattribué le marché à la société qui était arrivée en deuxième place, sans refaire d’appel d’offre. Tout est reparti avec Kenji Corp. Mais il y a eu un rebondissement récemment! Alors que l’explosion était estimée jusqu’alors accidentelle, un journal d’investigation, le Isaka Shinbun, un très bon journal dans lequel travaille le frère de mon père, a révélé en janvier dernier que des traces d’explosif avaient été retrouvées sur les résidus du compresseur, et qu’il ne pouvait s’agir que d’un acte de malveillance.
— Et d’un meurtre… ajouta Cristina
— Oui… mais malheureusement, cette info n’a pas eu l’écho qu’elle aurait dû avoir… Et j’ai un peu cherché des infos sur Kenji Corp. C’est encore plus troublant que ça pourrait en avoir l’air. Non seulement ils utilisent le liquide réfrigérant des russes de Gazkron Fluids, mais, accroche toi bien, ils sont directement contrôlés par Gazkron. Kenji Corp appartient à 51% à une holding japonaise qui s’appelle Takahashi, et l’actionnaire principal de Takahashi, à hauteur de 60%, n’est autre que… Gazkron Fluids.
— Kiyoshi, tu es génial !
— Je ne sais pas si c’est une bonne piste, mais il y a des éléments quand-même troublants. Ce que je t’ai pas dit, c’est que ce projet de Ice Wall a un coût vraiment énorme. Kenji - et donc aussi Gazkron Fluids - vont s’en mettre plein les poches, 50% de plus que ce qu’aurait touché Cryolab si le marché ne leur avait pas été enlevé…
— Ça fait combien ?
— D’après ce que j’ai trouvé, ça se monte à 12 milliards de yens, en gros ça fait 94 millions d’euros.

***
La Taverne était toujours aussi bondée. Cristina avait décidé de ne rien dire à Hooper de ce qu’elle avait appris par son ami japonais avant d’en savoir encore plus.

— Ce n’est pas forcément ce que tu crois… commença Hooper juste après avoir commandé, alors qu’on pouvait entendre PJ Harvey en fond sonore.
— Ah bon ? Alors pourquoi il cachait qu’il avait les archives de Matthew ? dit Cristina avec un ton dont l’agressivité surprit Hooper.
— Il se trouve qu’il a transmis des données à LXZ… et il a honte de ce qu’il a fait, tu comprends ?...
— Quoi ? Il a transmis tout ce qu’il y a dans ce dossier ? Il a tout transmis ? faillit s’étouffer Cristina.
— C’est ce qu’il m’a dit… Je pense que Peter Haynes s’est fait complètement manipuler par Bob Fincher. Fincher lui a fait miroiter un poste très alléchant, en échange de quoi Peter Haynes s’est senti redevable…
— Mais ça ne se fait pas ! répondit Cristina. Même pour faire plaisir à quelqu’un !
— C’est vrai, ce n’est absolument pas honnête vis-à-vis de Matthew Donnelly, mais ceux qui pourraient porter plainte, c’est surtout Grüber&Thorp, parce que le contrat vous liant à eux a du coup été divulgué à leur autre client qu’est LXZ.  Il ne faudrait surtout pas que G&T ait vent de ça, d’une manière ou d’une autre, ça pourrait polluer inutilement l’enquête. J’ai demandé à Peter de ne rien dire à personne pour le moment. Tu es la seule à savoir qu’il a fait ça. Je t’assure qu’il regrette vraiment ce qu’il a fait. Il a expliqué que quand tu lui as fait chercher une éventuelle copie de la clé de Donnelly, il a été pris de panique, il ne voulait pas que tu découvres comme ça qu’il avait ces archives sur son ordinateur. Il a tout mis sur un disque dur externe… Lui, bien sûr, ne sait pas que tu es au courant, on ne lui a pas dit. Et ce qui est sûr, c’est que Fincher a menti lorsque je l’ai vu à Tucson. Il m’a dit qu’il ne connaissait personne d’autre que Matthew Donnelly et toi dans votre équipe. J’ai l’enregistrement… Ça veut dire qu’il ne voulait pas que je puisse faire un lien entre lui est vous ou en tous cas entre lui et Peter Haynes…
— Ah oui… Et bien sûr, lui est au courant du transfert de données… répondit Cristina.
— Evidemment. Mais il ne va pas le crier sur les toits… Ce n’est pas dans son intérêt d’aller raconter à Grüber&Thorp qu’il connait tous les détails de vos arrangements commerciaux…  Si ? Mais il aurait très bien pu m’avouer sereinement qu’il avait reçu des gigaoctets de données de la part  d’un jeune postdoc bien naïf, or il ne l’a pas fait…
— Effectivement... soupira Cristina. Ce qui est sûr maintenant en tous cas, c’est qu’il peut exploiter pour son profit ce qu’il a dû voir dans le contrat. Mais c’est vrai qu’il devrait jouer finement pour ne pas laisser penser qu’il aurait eu accès à des données confidentielles… En fait ce ne sont pas trop les histoires de xénon qui m’inquiètent, mais plutôt ce qui concerne le purificateur.
— C’est-à-dire ? interrogea Hooper qui avait commencé à penser à un autre point.
— Y’a tout ou presque dans ces données qu’a copiées cet enfoiré de Peter ! LXZ peut refaire à l’identique notre machine, ils ont tous les plans… Et d’ailleurs… Cristina réfléchissait tout en discutant. Et d’ailleurs… Avec tous les plans de conception, il peut être assez facile de savoir où se trouvent les éléments clés sans lesquels le purificateur ne fonctionne pas de façon optimale.
— Et ?
— Et bien, connaissant la machine, il est facile de s’y attaquer efficacement. Je pense au hacker qui a bidouillé les fichiers de fabrication chez Teilmann Gmbh !
— Le hacker aurait pu être en service commandé par Fincher… murmura Hooper. Tu as raison. Il fallait que les modifications apportées juste avant la fabrication soient ajustées pour être très pénalisantes pour la machine mais sans qu’elles ne se voient facilement au démarrage à la livraison.  En gros, il fallait connaître parfaitement la machine… C’est ça que tu es en train de me dire ?
— Oui… c’est quand-même délirant cette cyberattaque… Ils n’ont modifié que certains petits détails de certaines pièces, mais ces modifications ont des conséquences énormes. Quel hacker aurait de telles connaissances ?
— OK. Ça se tient. Donc, Fincher récupère les données de Donnelly en manipulant Peter Haynes. Il découvre en même temps les conditions commerciales très particulières de votre fourniture de xénon et les plans détaillés de la machine. Il comprend qu’il peut récupérer de grosses quantités de xénon, probablement à un prix inférieur à celui qu’il avait obtenu de Grüber&Thorp : pour cela il suffit juste que votre purificateur ne fonctionne pas correctement à la fin de l’année, ça il le sait en lisant le contrat. A partir des plans, il analyse ce qu’il faudrait introduire comme défaut dans la machine pour vous mettre en mauvaise posture, ça il a les compétences technique pour le faire, et il engage un hacker pour faire la besogne, reste à savoir si il serait capable de faire ça...
— Et il fait tuer Matthew pour lui voler sa clé USB ? Là, ça colle plus ! rétorqua Cristina.
— Exact, Fincher n’aurait aucun besoin de tuer Matthew Donnelly dans ce scénario. Il a déjà toute la connaissance entre les mains. Si ce scénario était le bon, on pourrait même imaginer qu’il serait capable d’organiser d’autres actions pour perturber le plus possible la remise en route de votre machine d’ici à la fin de l’année.
— Comment on peut savoir si l’élimination de Matthew peut être liée à cette éventuelle malversation sur le purificateur provenant de LXZ ? se demandait Cristina à haute voix, sans chercher une réponse de l’agent du FBI.
— On va cuisiner Fincher. La date est déjà retenue, c’est jeudi, répondit Hooper.
— Ah oui ?
— Tu penses bien qu’on ne va pas laisser tranquille quelqu’un qui m’a ouvertement menti. Je déteste que l’on me mente. Alors, on va lui faire cracher le morceau et je peux te dire qu’on risque de ne pas trop parler de matière noire !...
— Je vois… mais vous n’allez tout de même pas le brutaliser ? osa Cristina.
— Tu regardes trop de mauvaises séries ! Le FBI a ses méthodes d’interrogatoire, et elles sont très subtiles. C’est dommage que je n’y sois pas, c’est trop court pour que je puisse faire le trajet… Faut dire que Tucson, c’est vraiment le trou du cul du monde libre… Pour y aller depuis New York l’autre jour, j’ai dû faire une escale à Austin, Texas, avec plus d’une heure de transfert, je ne sais pas si tu vois… Je déteste le Texas et tous ces rednecks !
— Je ne suis encore jamais allée dans le sud des Etats-Unis, mais ça ne me donne pas très envie… Je crois que je préfère l’axe New-York – Boston – Chicago – Portland – San Francisco… Bref, côte-Est et côte-Ouest et plutôt au nord.
— Oui, je comprends. Tu es déjà souvent allé aux Etats-Unis ? demanda Hooper.
— Un petit nombre de fois. Trois fois pour le boulot et deux fois pour faire du tourisme. J’avoue que j’ai aussi profité des fois où j’y étais pour des réunions scientifiques pour faire un peu de tourisme, répondit Cristina.
Tom Hooper et Cristina Voldoni en étaient arrivé à parler de leurs expériences respectives dans la recherche scientifique. Hooper avait de bons restes sur la physique des rayons gamma de ultra-haute énergie qu’il avait traqués durant de longues années avant de changer radicalement de carrière. Ils évoquaient naturellement les différents pays qu’ils avaient eu l’occasion de parcourir pour assister à des conférences ou réunions scientifiques voire pour leurs recherches proprement dites. Hooper racontait à Cristina comment il avait découvert la viande argentine, qui le fit définitivement renoncer au végétarisme, et qui lui fit perdre par la même occasion sa petite amie de l’époque.
Pour essayer de rivaliser dans les anecdotes, Cristina se lança sur son aventure au Japon, où le dépaysement culturel était tel qu’on pouvait se perdre complètement et ne plus rien comprendre à ce qui se passait autour de soi. Puis Hooper resta silencieux un moment et lâcha :
— Est-ce qu’il peut y avoir un lien entre LXZ et le Japon ?
Cristina leva le nez de son verre de bière et regarda Hooper d’un air étonné.
— Pour les traces de césium, hein ? Je ne sais pas…, vous demanderez à Fincher.
Puis  elle ajouta :
— Mais bon, en fait… j’ai peut-être trouvé quelque chose de très intéressant à Fukushima…


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