Chapitre 6


Je sais bien que c'est une quête sans fin. Il se peut très bien que la matière noire n'ait jamais existé et que les observations étranges de rotation des galaxies soient dues à autre chose comme des effets de la gravitation encore totalement incompris. Mais on cherche quand même cette matière noire. Il faut chercher cette possible explication. Pour se rassurer ou pour se dire qu'on a bien cherché toutes les pistes, même les plus loufoques. C’est vrai que ça peut paraître presque trop simple : les étoiles des galaxies tournent trop vite par rapport au cas où elles seraient les seules présentes, alors on imagine qu'il y a une autre matière massive qui les englobe, mais qui est invisible. Facile.
On a du mal à imaginer les quantités phénoménales de particules en tout genre qui nous traversent à chaque seconde. Déjà, imaginer des photons, qu'ils soient de la lumière visible, infra-rouge ou des rayons gamma n'est pas aisé, mais quand on évoque des neutrinos ou des muons, c'est encore plus ardu, alors des WIMPs... C'est pourtant indispensable de penser les WIMPs, de les imaginer filant à grande vitesse tout autour de nous, de les voir traverser son propre corps sans aucune interaction, et de les visualiser en train de collisionner un noyau atomique de xénon de notre détecteur puis repartir dans une autre direction vers l'autre bout de l'univers.
J'essaye de voir les WIMPs, je me les imagine comme des sortes de petites boules formant un flot ininterrompu, coulant toujours dans le même sens, le sens inverse du mouvement de la Terre, le flot traverse absolument tout, comme un éther. On est baigné dedans, il nous englobe, nous pénètre, nous sommes faits de WIMPs.
Le principe de la chambre à projection temporelle au xénon diphasique est vraiment ingénieux, quand on y pense. J'aurais aimé trouver cette astuce qui permet de localiser l'interaction. Si il n'y avait pas ces foutues impuretés radioactives, tout serait tellement plus simple. Ce putain de radon... et ce putain de krypton aussi. Des vraies saloperies qui viennent produire un signal d'ionisation dans le gaz similaire à ce qu'on obtiendrait par une collision de WIMPs. Comment trier le bon grain de l'ivraie dans ce cas ? Et bien on ne peut pas, ou très difficilement, et donc ne pas avoir ces impuretés au départ. C'est toujours facile à dire ou à écrire. Mais pour le faire ?  J'entends encore le vieux qui disait "Vous n'avez qu'à utiliser du xénon ultra-pur!". Je me demande s’il sait comment on extrait le xénon de l'air liquide. En fait non, je ne me le demande même pas, il est évident qu'il n'en a jamais eu la moindre idée.
C’est un fait, les détecteurs qui utilisent deux types de signaux sont les plus performants, que ce soient des détecteurs bolométriques ou des détecteurs comme le nôtre, une chambre à projection temporelle. Les deux signaux qu'on obtient quand une particule produit une interaction dans le volume liquide de xénon : le signal de luminescence d'un côté et le signal de charge électrique de l'autre, fallait y penser. Et la superbe astuce qu'on utilise dans l'exploitation de ces deux signaux, le fait qu'ils n'apparaissent pas en même temps : le signal de lumière quasi instantané, et le petit courant électrique légèrement après, le temps que les électrons remontent du point d'interaction jusqu'à la surface de la chambre, si c'est pas du domaine de l'astuce géniale...  C'est la mesure du temps de transfert des électrons, qui migrent toujours à la même vitesse dans le xénon, qui donne la localisation en profondeur de l'interaction. C'est tellement beau, et ça marche tellement bien. On pourrait même dire trop bien.
Maintenant, c'est sûr que les mecs de XENO sans Donnelly ne pourront pas finir leur installation avant la fin de l'année, ils sont foutus. On pourra récupérer toute la production de l'année de Grüber&Thorp... Quand je pense que ces gars ont fait encore mieux que ce que j’avais pu imaginer, des fois ça me fout le frisson. On va enfin pouvoir se régaler !...

***

Cristina connaissait assez bien l'informaticien du centre, un dénommé Paolo, qui était assez jeune, une petite quarantaine, encore célibataire et qui était parti pour le rester un bon moment. On aurait dit qu'il ne s'intéressait pas du tout aux femmes, il était pourtant sympathique à regarder et affable. On ne lui connaissait pas non plus d'autres penchants. Il préférait simplement la compagnie de son chien qu'il avait appelé Linux, comme par hasard. Dire qu'il était un nerd était plus proche de la réalité que le qualifier de simple geek. Cristina, pour mener à terme sa petite enquête sur l'identité de ceux qui auraient pu accéder et modifier le logiciel, commença à se rendre plus souvent aux bureaux, c’est-à-dire à partir un peu plus tard du centre le matin pour rejoindre la grotte. Elle préférait de toute façon y travailler quand il faisait nuit. Elle prit l'habitude d'arriver au Centre sur le coup des 8h30 puis de trainer à droite et à gauche en faisant le tour des machines à café jusque vers 10h, où elle prenait soit le minibus ou soit une voiture de service pour se rendre à la grotte et justifier son salaire. Paolo arrivait tous les jours de très bonne heure. Il était le plus souvent déjà à son poste depuis une bonne heure quand Cristina déboulait dans son bureau pour le saluer et entamer une conversation sur n'importe quel sujet.
Un matin, cela devait faire une semaine depuis son audition avec Hooper, elle aborda avec Paolo le sujet des langages informatiques, elle commençait à étudier très sérieusement le langage Python en vue de l'utiliser dans les analyses de données de l'expérience. Ça lui avait permis d'engager la discussion très naturellement.
— Y'a tellement de langages différents, que ce soit en informatique scientifique ou en informatique de gestion...
— Oui, c'est sûr, encore qu'il y en a peut-être moins que tu ne le penses dans le domaine des logiciels de gestion, répondit Paolo
— Ah ouais ? Généralement c'est écrit en quoi, tous ces logiciels ?
— Ça dépend, y'en a encore beaucoup qui sont des bons vieux Visual Basic, mais on a aussi des applications très chiadées qui sont écrites en C++ ou en Java.
— Et quand il y a des bases de données à gérer ?
— Là, le plus souvent, c'est une gestion par système de requêtes SQL, et ça peut être implémenté dans à peu près n'importe quel langage...
— Ah ouais, d'accord, c'est très adaptable alors...
— Ben ouais, c'est ce qui rend le truc cool, tu vois. Tu peux complètement gérer ta base de données avec plusieurs types de logiciels, même avec différents langages. Tu peux par exemple avoir un certain logiciel qui remplit une base de données et un autre logiciel qui va modifier cette base de données dès qu'il a détecté qu'elle a été remplie par le premier. Ils peuvent utiliser tous les deux le même genre de requêtes pour faire ça, mais être structurés en interne complètement différemment.
— Tu veux dire que deux logiciels très différents peuvent interagir avec la même base de données de manière complètement indépendante ?
— Ouais, il suffit juste d'utiliser le bon protocole.
— Et c'est facile de connaître le bon protocole quand on a une base de données sous les yeux ?
— Bah, dans quatre-vingt-dix pourcents des cas, c'est du SQL, alors...
— OK, effectivement, ça parait simple comme bonjour... Le logiciel de gestion des badges par exemple, il marche comme ça ?
— Ouais, exactement, c'est du simple et robuste... rétorqua Paolo.
Ce que Cristina avait découvert était du lourd, il n'était aucunement nécessaire de modifier le logiciel de gestion lui-même, mais juste d'introduire un second logiciel, comme un logiciel espion, qui pouvait modifier directement le contenu de la base de données à chaque fois que celle-ci était mise à jour par le logiciel de gestion. Si quelqu'un avait juste pu introduire une clé USB dans la machine de Paolo et installer ce genre de logiciel, ça suffisait à produire le résultat qui avait été obtenu.
Plutôt que d'interroger à outrance Paolo pour savoir qui était entré dans son bureau durant les semaines précédentes, Cristina préféra faire de l'observation in situ. Par chance, le bureau de Paolo était visible depuis le petit salon où se trouvait la machine à café. Ce n'était pas à proprement parler un salon, mais il y avait tout de même des fauteuils, quatre, et une sorte de sofa, qui permettaient d'attendre des personnes assez confortablement, par exemple le matin avant de partir ensemble pour la grotte. Tous les chercheurs devaient obligatoirement passer au Centre le matin, on ne pouvait pas se rendre directement au laboratoire souterrain. C'était différent le soir.
Cristina passa plusieurs jours d'affilée à observer qui entrait dans l'antre de Paolo pour le saluer et qui apparaissait ainsi naturel de voir dans son bureau. Pour cela, elle s'installa avec aplomb dans le petit salon et se força à absorber nombre de cafés et discuter, le plus souvent de Matthew, avec tous ceux qui passaient par là. Elle se disait qu'il était beaucoup plus facile de glisser rapidement une clé USB dans la machine de Paolo à son insu que de lui extorquer son mot de passe, surtout avec un nerd comme lui. Avec un chien appelé Linux, il devait avoir un mot de passe monstrueux, sûrement à base de termes issus de mangas ou d'autres subtilités du genre, et il devait en changer tous les mois, voire plus fréquemment.
Elle se mettait dans la peau de celui qui avait voulu faire ça. Si elle était lui –ou elle–, elle aurait tout d'abord sympathisé avec Paolo depuis un petit moment, puis elle serait passée systématiquement tous les jours dans son bureau pour papoter quelques minutes, afin de paraître non seulement inoffensif, mais aussi accepté d'être vu dans ce bureau par tous ceux qui passaient dans le couloir à cette heure-là ainsi qu’à la secrétaire dont le bureau était situé de l'autre côté du couloir, pas immédiatement en face mais trois mètres en décalé sur la gauche, et qui pouvait très bien voir les allée-venues.
Cristina savait très bien feindre la fille dépressive, ce qui lui donnait, vue la situation, une bonne couverture pour rester à traîner un peu longtemps dans le salon du rez-de-chaussée.
Tous ceux qui passaient chaque jour venaient la réconforter. La mort de Matthew l'avait profondément marquée mais elle ne s'était jamais sentie abattue, au contraire, elle était maintenant pleine d'énergie, surtout depuis que Hooper avait accepté qu'elle "travaille" pour lui.
Au bout d'une semaine de ce petit jeu, le constat était très simple. Paolo était donc un vrai nerd, du genre isolé. Elle ne l'aurait jamais cru. A part elle, il n'y avait qu'une seule personne qui entrait chez Paolo pour taper la discute, les autres le saluaient le plus souvent très vite, un rapide "hello Paolo" avec un geste de la main, ou bien un "Bon giorno!" respectueux. Mais l'autre Paolo, Paolo Pascali, lui, entrait systématiquement chez Paolo le nerd et pouvait ressortir du bureau parfois dix bonnes minutes plus tard.
Le lendemain, quand Cristina croisa la secrétaire d'en face, elle lança, sous l'air d'une boutade :
— On dirait qu'ils ont l'air de bien s'entendre les deux Paolo !..
— Ah, oui..., répondit la quinqa, il vous a avoué quelque chose ? demanda-t-elle en baissant la voix.
— Avouer ? Avouer quoi ? Euh, non, non, pourquoi ?
— Bien, je me demande s’ils ne seraient pas...
— Ah non, non... je ne crois pas du tout, Paolo, notre as des ordinateurs, ne pense qu'à l'informatique!, répondit Cristina, qui se demandait si son entrée en matière avait été judicieuse finalement.
— C'est que..., ça ne fait pas très longtemps qu'on les voit souvent ensemble. Avant, l'autre Paolo l'ignorait presque...   
— Ah oui ? Je n'avais pas remarqué, fit Cristina en feignant de s'intéresser aux ragots de couloirs, ça fait depuis combien de temps ?
— Oh, et bien depuis le début du mois de février je dirais...
— Ce n'est pas ce que vous croyez, répondit Cristina pour sauver ce qu'elle pouvait sauver... ils sont juste devenus des amis, rien de plus. Je crois qu'ils aiment tous les deux les mangas, ces BD japonaises... Ça rapproche...
Cristina connaissait l'intérêt de l'informaticien pour la culture japonaise mais ignorait bien sûr tout de Paolo Pascali, qu'elle connaissait très mal.

***

— Paolo Pascali. Il est ingénieur ici au LNGS. Il ne dépend pas d'un institut d'une autre région, il travaille ici toute l'année. Il est responsable des mesures de spectrométrie gamma à ultra-bas bruit. C'est le seul, d'après ce que j'ai déduit, qui aurait pu introduire un logiciel malveillant dans le système via un accès facile au bureau de l'informaticien qui gère la machine. Il semble s'être rapproché de l'informaticien il y a seulement peu de temps et maintenant ils paraissent être très proches, ce qui n'était pas le cas il y a encore deux mois. Or, ils travaillent tous les deux au Centre du LNGS depuis plusieurs années...
— Intéressant... Et personne d'autre ? demanda Hooper.
— A mon avis non, sauf Paolo Ferrari, l'informaticien lui-même...répondit Cristina en faisant comprendre qu'elle n'y croyait pas du tout. Paolo Ferrari est un peu étrange, un peu introverti, et du coup très peu de gens osent entrer dans son bureau.
— OK. Deux Paolo... Ça ne va pas nous aider, ça. Pour tout dire, Paolo Pascali a été l'un des premiers que j'ai auditionné parmi les sept qui étaient au laboratoire souterrain le 24. Et je dois dire que je l'ai trouvé un peu bizarre...
— Bizarre comment ? se risqua Cristina.
— Bizarre... reprit Tom Hooper sèchement, qui ne savait pas trop s'il devait donner des détails à la jeune femme.
— Est-ce que je pourrais venir vous voir cet après-midi ou demain matin ? demanda Cristina sans plus de précisions à l'agent Hooper.
— ... Je suis occupé toute la journée aujourd'hui, et demain matin je retourne au laboratoire souterrain, mais seulement pour inspecter l'extérieur... Mais, si vous voulez, on pourrait se voir ailleurs qu'au commissariat, demain soir ?...
— Je serai aussi au labo demain, mais à l'intérieur, moi... répondit Cristina en souriant. Mais demain soir, oui, c'est bon pour moi... Est-ce que vous connaissez un bar qui s'appelle La Taverne, à Assergi ?
— Oui, je vois où c'est, on ne peut pas le rater. L'enseigne est plutôt voyante quand on est sur le pont...  21h, ça vous irait ? proposa Tom Hooper.
— OK, je ferai un effort pour quitter un peu plus tôt que d'habitude. A demain alors.
— A demain et merci pour le tuyau, Cristina. Puis il raccrocha.
 Curieuse coïncidence tout de même que ce Paolo Pascali ait pu avoir potentiellement accès à la base de données du logiciel de gestion des entrées-sorties, qu'il ait été présent ce soir-là et qu'il ait répondu lors de son audition avec une pointe de nervosité sur des questions parfois banales...
Tom Hooper se replongea dans le compte-rendu d'audition de Paolo Pascali, et dans le même temps, réécouta très attentivement l'enregistrement qu'il avait transféré sur son ordinateur avec tous les autres. Le son de ce petit enregistreur fourni par le Bureau était de très bonne qualité, il s'en félicitait à chaque fois qu'il réécoutait un enregistrement.
—... Paolo Pascali, vous êtes ingénieur ici au laboratoire souterrain du Gran Sasso depuis 2009...C'est ça ?...
— Oui, tout à fait, je suis en charges des mesures de radioactivité à très bas niveau avec les détecteurs qui sont installés au laboratoire souterrain. J'y suis très souvent pour mettre en place les échantillons à mesurer ou faire des étalonnages des détecteurs....
— Bien, et donc, le soir du 24 février dernier, vous étiez encore là à 22h45... Quelle en était la raison ?
— ...euh, oui, j'étais là... j'étais en train de... j'étais en train de lancer une nouvelle mesure sur un échantillon de grande taille..., disait la voix de Paolo.
Le son était limpide, on entendait parfaitement, jusqu'aux petits bruits que faisait le témoin avec sa bouche, en se tordant légèrement les lèvres par moments.
— Vous travaillez souvent tard au laboratoire ?
— Ça m'arrive assez souvent, oui... En fait je n'ai pas trop le choix, nous avons des contraintes de temps énormes. Une fois que les détecteurs sont descendus en froid, il faut les exploiter, vous comprenez. J'ai un planning expérimental qui déborde complètement. Et là en ce moment, c'est pire que tout.... Sur trois détecteurs, j'en ai est un qui est en panne, alors je dois tout faire avec les deux autres, sauf que pour les gros échantillons, je dois démontrer le château de plomb qui l'entoure, et quand on fait ça, il faut refaire toute la procédure d'étalonnage, vous comprenez...
— Oui, je comprends... Je connais la spectrométrie gamma, répondit Tom Hooper.
— Ah, vous connaissez ...? répondit Paolo étonné de parler à un inconnu prétendant connaître sa spécialité.
Tom Hooper avait enchaîné sans s'étendre.
— Vous étiez dans la salle de mesure quand l'alarme a retentit ?
— Euh... quand ça a sonné, et bien... euh, oui... c'est ça, j'étais devant l'écran du PC d'acquisition, je venais juste de refaire un run d'étalonnage avec la source d'europium...
— Et est-ce que vous avez arrêté votre acquisition de données quand vous l'avez entendue ? avait demandé l'agent du FBI
— Non, je suis tout de suite sorti pour aller voir ce qu'il y avait et pour me rendre au point de rassemblement, comme il faut faire...
— Combien de temps avez-vous mis pour rejoindre le point de rassemblement, dans le hall B, c'est ça ?
— Oui, c'est au bout du hall B, pas loin du couloir menant au hall A. La salle de mesure de spectrométrie gamma se trouve de l'autre côté du hall B, c'est une salle annexe qui peut être accédée également directement par le hall C. Combien j'ai mis de temps ? Euh... avait semblé hésiter Paolo, je ne sais pas... je n'en ai aucune idée, je n'ai pas couru, j'ai juste marché vite, j'imagine qu'il ne m'a pas fallu plus d'une minute...
— Et avant l'alarme, vous n'avez rien remarqué d'inhabituel dans le hall B ?
— Non, la porte de la salle de mesure était fermée, je ne pouvais pas voir ce qui se passait dans le hall...
Tom Hooper avait poursuivi :
— Vous connaissiez Matthew Donnelly ?
— Juste comme ça, on se disait bonjour, mais je ne le connaissais pas très bien. Je vais souvent chercher des bouteilles d'azote dans la salle de stockage, vous voyez, je passe donc toujours devant les installations de XENO avec le petit chariot, il était souvent présent avec son équipe ses derniers temps...
— Vous êtes sensibilisés au risque d'anoxie, vous qui manipulez des bouteilles de gaz sous pression ?
— Bien sûr!... Il y a des sessions fréquentes de formation sur la sécurité, dans tous les secteurs. C'est quelque chose qui est pris très au sérieux ici au LNGS. Le risque d'asphyxie et d’anoxie est peut-être le plus important ici après le risque d'incendie. C'est lié, d'ailleurs... avait répondu Paolo Pascali, avec un ton un peu professoral.
— Et Matthew Donnelly avait également suivi ces formations ?
— Théoriquement oui, je ne saurais pas vous dire de quand date son dernier recyclage, c'est comme ça qu'on appelle les rappels que l'on doit suivre, mais c'est sûr qu'il n'a pas pu passer à côté. Et généralement les chercheurs jouent le jeu. On ne rigole pas avec la sécurité... mais bon, il se peut que des fois, on loupe  des choses...
— Comment ça ? avait demandé Tom Hooper presqu'en lui coupant la parole.
— Il peut arriver de rares fois qu'on ne respecte pas tout à fait les consignes à la lettre...
— Pour la manipulation des bouteilles de gaz ?
— Oui... euh..., disons que ça peut arriver quelques fois, quelques rares fois... enfin... je parle pour ce qui me concerne... disait l’ingénieur dont Hooper se remémorait le visage sec aux tempes grisonnantes.


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